vendredi 2 août 2019

Colère d'une femme... pour une danse!

     J'étais soldat dans les forces armées canadiennes. C'était vendredi soir et c'était une belle soirée chaude d'été. Comme tous les vendredis  soirs, je me présentais en civil au Junior Ranks Club de la base militaire et j'y passais de longues veillées en compagnie de mes amis, en l’occurrence, tous francophones. 

Nous étions basés en Ontario, en pays anglophone et nous trouvions toujours le moyen, entre français, d'agrémenter nos soirées de chansons et de danses. 

    Ce soir-là, encore célibataire, j'ai voulu rejoindre le plancher de danse avec une jeune femme de mon âge, assise seule à une table. Je me suis approché d'elle et lorsque je me suis retrouvé à un pas d'elle, un sourire sur les lèvres, elle a levé la tête vers moi et une paire d'yeux foncés s'est mis à me scruter de haut en bas, tout cela le temps d'une seconde. On aurait dit des revolvers en quête d'une cible à abattre!

«Non! me dit-elle, aussi brusquement qu'elle avait levé les yeux à mon endroit.

- Écoutes, lui dis-je tout bonnement: Je ne suis pas en train  de te faire une demande en mariage, je veux juste t'offrir cette danse...»

Je n'avais pas terminé ma phrase que déjà elle s'était levée, pour m'assaillir!

    Je me suis retrouvé par terre le temps de le dire. Un kata bien appuyé me percuta la cage thoracique, ce qui me fit plier de l'avant, le souffle coupé. Je n'avais pas eu le temps de reprendre mon souffle qu'un solide coup de genou au menton me renversait sur le dos. Ma tête frappa le sol, j'ouvris les yeux pour m'apercevoir qu'elle s'était assise sur moi et qu'elle me frappait de tous bords tous côtés.
J'éprouvais beaucoup de difficultés à maintenir sa fureur éloignée; il y avait tant de rage dans les coups qu'elle me portait aveuglément, que je n'arrivais pas à saisir ses bras pour l'arrêter de me frapper.

Deux gars se sont enfin emparés de ses bras, mettant ainsi fin à ma punition. Ils la soulevèrent aisément et l'écartèrent de ma personne. L'un d'eux se retourna vers moi et me dit, dans le creux de l'oreille: «Je sais pas si tu le sais mais cette fille là est venue ici ce soir pour oublier sa peine.»

- Hein? Qu'est-ce que tu me chantes là? Elle a de la peine, la pauvre? Et c'est pour ça que je mérite cette volée! Ben voyons! 
- Son fiancé l'a largué tout à l'heure...
- Oh, wow! Je comprends tout,à présent! Le mot "mariage" est à la source de mon malheur. 

    Je me suis souvenu que nous étions sur la base militaire de Borden et que des MP's (Military Police: Police Militaire), d'ici quelques minutes allaient surgir et faire enquête. Nous nous sommes tous dispersés mais avant de quitter les lieux, j'ai demandé au gars qui m'avait informé du drame, quelle était la formation suivie par mon agresseur.
«Police militaire, me dit-il. Je le sais, je suis dans le même groupe qu'elle...
- Et son nom, c'est quoi?
 - Monia. Je précise: Monia la brute!
- Salut! Il faut que je fasse un bout de chemin, ça presse.
- Nous aussi. Tu ne portes pas plainte?
- Pourquoi faire? 
- Merci.
- Ce n'est rien : Je sais maintenant ce que c'est, une femme en crise!» Elle avait raison d'être en furie.

     Je n'ai jamais oublié cette Monia, une belle grande femme au profil élancé, un visage à faire rêver n'importe quel homme, de courts cheveux noir bouclés mais surtout cette colère si grande qu'aujourd'hui encore, j'en frissonne....



YPB









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