vendredi 14 novembre 2025

Passage à l'école du Savoir

UNIVERSITE DU QUEBEC A RIMOUSKI

Phileas Fogg  Le personnage ESSAI LIT - 394 - 87  Littérature jeunesse 

Yves-Patrick Beaulieu Hiver 1994


            ESSAI SUR LE PERSONNAGE DE PHILEAS FOGG

 

     L'auteur, Jules Vernes, a voulu que le héros de son roman

« Le tour du monde en quatre-vingts jours » soit un Anglais. Pourquoi? Peut-être est-ce parce que son voisin insulaire le fascinait... J'ai la nette impression qu'il a démesurément grossi son personna­ge, cela afin de mieux nous faire apprécier les différents éléments de son attraction.

 

Nous connaissons tous ce trait distinctif du britannique ayant l'habitude d'une bonne tasse de thé fumante, cette attitude apparem­ment froide qu'il a envers son prochain et à plus forte raison envers un étranger. Je crois que l'écrivain, en mettant l'emphase sur le comportement singulier du héros, était motivé par le souci de bien cacher le dénouement de son histoire. Et qu'il y parvient justement sans trop de peine. Phileas Fogg, plus proche d'une machine que d'un humain, surprend lorsqu'il avoue son amour à madame Aouda, la jeune veuve indienne. Il aime? Oui. Vernes s'est évertué à nous montrer un être se voulant insensible à toutes les circons­tances, pour ensuite nous révéler que son personnage était-on ne plus humain. De son histoire, je retiens cette leçon: « ne te fie jamais aux apparen­ces. »

     Dans un tout autre ordre d'idée, il étonne quand on pense à sa perfection lorsqu'il commet l'erreur monumentale de ne pas prévoir que son voyage effectué vers l'est, vers le soleil, raccourcira son périple d'une journée entière. Qui donc est Phileas Fogg? Un personnage au physique agréable ( la réaction des femmes à la parution de sa photographie dans les quotidiens anglais le prouve amplement ). Le personnage est un homme sans parents ni amis. Nanti d'une fortune s'évaluant à plusieurs milliers de livres, c'est un gentle­man qui évolue dans les hautes sphères de la société londonienne. S'il possède une demeure emménagée avec discrétion, de façon sommaire, il aime s'entourer de beaux objets. L'exemple des accessoi­res servant à ses repas reflète bien ce goût pour la beauté.  

     Peu communicatif, il intrigue, d'où cette impression de mystère entourant sa personne. Doué d'un sens logique très développé, il y a peu de place pour l'étalage de sentiments. 

Il semble avoir un regard éteint sur son environnement. Cela est peut-être dû au fait qu'il a soit beaucoup voyagé ( la résultante étant que plus rien dorénavant ne le surprend ), où simplement parce qu'il a lu de nombreux ouvrages au fil de sa vie. L'isolement dans lequel il se plonge à chaque étape de son voyage suggère de telles hypothè­ses.

Ses courtes apparitions en public sont justifiées en grande partie par le jeu. En effet, le jeu représente à ses yeux une lutte contre une difficulté et on peut croire que c'est ce qui l'attire hors de ses retranchements. Lorsqu'il accepte le pari d'effectuer un voyage autour du monde en quatre-vingt jours, il y a là un défi à la hauteur de ses capacités intellectuelles. Ainsi, il admire la taille de la difficulté et anticipe les obstacles à venir. D'autre part, l'air de supériorité que l'on semble dénoté tout au long de la lecture de son voyage est certainement dû au fait suivant: le citoyen britannique est légataire d'une histoire riche en conquê­tes. L'Anglais, moulé par cette réalité, présente une attitude qui lui est propre. Enclin à considérer les situations d'un point d'un vue dominant, Phileas Fogg gardera toujours un sang-froid exem­plaire devant l'imprévu et le danger. Aimant les difficultés, il se porte volontiers à leur rencontre, afin de mieux les surmonter.

 

D'une nature obstinée et menée par un besoin d'exactitude poussé à l'extrême, allant parfois jusqu'à la démesure, il mettra tout en oeuvre pour accéder à ses fins; c'est un peu pourquoi il est d'une belle bravoure lorsque la conjoncture l'exige. 

Prêt à tout, il n'hésite pas à utiliser de psychologie afin de rejoindre son but. Sa dernière aventure - la traversée vers Liverpool - démontre bien jusqu'où peut aller sa volonté. A ce moment, il déploie une bonne humeur communicative et dévoile subitement son expérience en tant que marin.

     Oui, l'homme est humain malgré toutes les apparences. Je n'ai eu aucun problème à m'identifier au héros de Vernes: être un héros ne me répugne guère et réaliser un tour du monde fantasti­que comme celui qu'il m'a fait vivre me plairait beaucoup. Qui ne rêve pas d'accomplir un jour pareil exploit? Le person­nage de Vernes a su amplifier mon goût de la complication. Par ses agisse­ments, Fogg  démontre que tout obstacle peut être franchi si on en fait le souhait; que toute idée est possible même si elle paraît saugrenue aux yeux d'autrui et enfin, que tout cela peut se faire dans le respect des bonnes manières.

 

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UNIVERSITE DU QUEBEC A RIMOUSKI

Vendredi ou la vie sauvage    HYPERTEXTE   LIT - 394 - 87  Littérature jeunesse

Hiver 1994   Yves-Patrick Beaulieu


     Les petites fourmis avaient bien travaillé. Il ne restait plus rien des longs poils blancs et bruns, de la barbe et de la chair. Même l'intérieur de la tête avait été parfaitement nettoyé. Cela avait été l'affaire de quelques jours; pourtant on aurait crû à un ossement vieux de plus de vingt ans. Vraiment, les fourmis étaient d'excellente ouvrières! Vendredi s'avança doucement, de manière à ne pas dérangé les insectes. Apercevant un bâton sur le sol, il eut l'idée de récupérer le crâne avec ce dernier, ainsi il n'aurait pas à redouter la morsure des fourmis. Il tendit le bâton puis d'un geste habile, retira la tête d'Andoar de la fourmilière. Le sourire aux lèvres, il rejoignit bientôt Robinson sur la plage. « Robinson! Robinson, regarde ce que j'ai! » Il brandissait à bout de bras le superbe crâne blanc surmonté de ses deux magnifiques cornes noires.

     Robinson s'était retourné vivement, surpris par la voix excitée de son compagnon. Il ne reconnut pas tout de suite la tête d'Andoar, ayant remis le souvenir du combat et la chute mortelle du bouc au fond de sa conscien­ce. « Qu'est-ce que c'est que ça? » demanda-t-il, choqué de voir Vendredi surgir avec une chose aussi immonde entre ses mains. « Tu ne la reconnais pas? C'est la tête du roi des boucs, la tête d'Andoar le magnifique! »

« Ah oui?

- Oui.

- On ne dirait pas: le crâne est si propre... »

Oubliant sa répugnance naturelle, il saisit le trophé et se mit inconscie­memt à le caresser. Le crâne étincellait sous les chauds rayons du soleil. Vendredi ajouta: « Tu vas voir, il va chanter! »

Robinson faillit lâché la tête du bouc sur le sable.

     La surprise puis le doute s'étaient installés sur ses traits.

 « Impossible! » s'écria-t-il, s'empressant de remettre le crâne à Vendredi. Mais celui-ci déjà, s'éloignait, apparemment en quête de quelque chose en guise de réponse.

 Il revint auprès de Robinson quinze minutes plus tard, munis de plusieurs petites pièces de bois et d'un sac qui étrangement épousait la forme des boyaux d'une bête. L'estomac d'Andoar! Répri­mant une envie irrésistible de questionner, il confia le crâne à Vendredi et observa son ami se mettre au travail. Il ne lui fallû pas longtemps pour comprendre ce dont il s'agissait: Vendredi fabri­quait tout simplement une harpe, une harpe éoliène!

 Dans sa jeunesse, dans la boutique du libraire de York, il lui était arrivé de parcourir les pages d'un livre immense traitant de tous les instruments de musique. Il avait été fasciné par les instrument à corde depuis sa tendre enfance et son attention alors, avait été retenue par plusieurs planches de dessins représentant des harpes.  L'instrument que fabriquait Vendredi fonctionnait grâce au vent. Le vent soufflait sur ses cordes et une musique se produisait aussitôt.

 C'était magique à entendre!

      La harpe trouva place dans les branches d'un cyprès mort qui dressait sa maigre silhouette au milieu des rochers, en un endroit exposé à toute la rose des vents.

 

*

     Ce texte est un hypertexte dans ce sens où des modifications ont été apportées à l'hypotexte, dans ce cas-ci Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier. Les pages 134 et 135 ont servi à l'élabo­ration du texte précédent.

 Dans la première partie, une réflexion fut amenée, il s'agit d'une expansion:... Cela avait été l'affaire de... Puis, une analepse situe l'hypotexte sur un autre angle: Apercevant un bâton... La réminescence concernant le libraire de York est une transposi­tion de type hétérodiégétique. Il y aussi augmentation dans l'ap­port d'une crainte chez le personnage (la morsure des fourmis).

Une transmodalisation intramodale s'effectue à la fin du premier paragraphe car le rythme ralenti avec le dialogue des personnages. Je tente ici de provoquer un phénomène de transvocalisation car je me rends compte que Tournier a largement dévocaliser l'hypotexte de De Foe.

 De plus, une transposi­tion diégétique s'opère puisque l'histoire se transporte sur la plage. J'amplifie lorsque j'aborde l'aversion de Robinson envers les choses ou objets qui sont d'origines douteuses. Son amour pour la propreté se veut, dans mon texte, un phénomène d'augmentation. Par contre, j'ai voulu respecté les signes se référant à l'identité des personnages et ainsi, créé une transposi­tion homodié­gétique.

J'ai procédé à l'amputation de quelques courts passages. L'émondage se fait dans l'explication de la fabrication de l'intrument et j'ai pratiqué une excision en référence à l'aile de vautour.


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BYE BYE CHAPERON ROUGE   LITTERATURE DE JEUNESSE   LIT - 394 - 87

 Yves-Patrick Beaulieu  HIVER 1994


Bye bye Chaperon Rouge 

     Cette dissertation s'oriente vers la première hypothèse de travail. On tentera de répondre à deux questions concernant l'hypertexte de Julien. Y a-t-il équilibre au plan de l'oscillation des transpositions et l'adaptation est-elle clairement établie? A première vue, il semble que c'est « oui » pour l'ensemble...  

     L'écrivaine, en plus de procéder à la méthode de la réduction,  amplifie plusieurs scènes ayant un lien direct avec l'hypotexte. Ainsi, l'intime complicité entre le petit chaperon rouge et ses grands-mères, le conflit sévissant entre Louise et sa mère pour ne citer que quelques exemples.

Relativement à l'hypotexte de Perreault qui, selon Bettelheim, ne laisse pas de marge à l'imagination des enfants, le conte de Viviane Julien se veut largement accessible à leurs facultés intellectuelles. Il rejoint l'écolier contemporain et stimule son imaginaire à l'aide de la magie - l'arbre -, les dons de prescience et de télépathie de l'arrière grand-mère, la parole intelligente mais hypocrite du loup. L'adhésion complète de l'enfant pour le récit s'opère avec l'idée merveilleuse que Fanny n'a pas à s'user les fesses sur les bancs d'une école; la plupart des enfants d'âge scolaire aimeraient bien, à ce stade de vie, faire de même. Le langage ainsi que le ton du récit est de l'ordre du familier. A titre d'exemple, le personnage principal porte le prénom de Fanny; actuellement, beaucoup d'enfants ont des prénoms dont l'origine est anglophone.

La mère de Fanny reflète bien la femme d'aujourd'hui, occupant un emploi à temps plein et de surplus, vivant une situation monoparentale.

 Il y a une oscillation entre les transpositions homodiégétique et hétérodiégétique. L'auteur a mimé le cadre de l'hypotexte. D'un autre côté, elle a modifié la situation sociale du petit chaperon rouge et puis l'histoire se déroule un moment donné dans une ville (cette dernière est une variante marquée si on la compare aux au-tres versions).

En gardant la forêt dans son récit ainsi que l'action du loup dévorant grand-mères et enfant, Julien maintient le cadre de l'hypotexte. Elle modernise l'histoire puis sauve l'équilibre du conte en respectant le fil conducteur de l'hypotexte. Une trans-modalisation intramodale s'effectue dans l'hypertexte de Julien. C'est au niveau de l'évolution linéaire que cela se produit; ici, on accorde plus de place au personnage central, le rythme est ralenti à son profit. Notons les passages où la fillette et le loup se rencontrent près de l'arbre magique, le contact qu'elle a avec Nicolas... D'autre part, la transmotivation est évidente. Dans Bye bye Chaperon Rouge, Fanny vit intensément l'absence d'un père. On pourrait croire que l'arbre magique est tout simplement le miroir de sa conscience, les fleurs joueraient le rôle de montrer le sujet de préoccupation de la fillette.

Celle-ci désire tellement un père que le mystérieux inconnu de la forêt, celui qui sans cesse la sauve (l'ornithologue), devient la réalisation de ses désirs les plus secrets.

 

     Le récit de Julien, tout comme les précédents, se fixe dans l'actualité et relate un problème lié au vécu de l'enfance. Dans le cas qui nous intéresse, la problématique se situe au plan de la solitude d'une fillette subissant l'éclatement de la cellule familiale. La thématique est abordée de front et l'auteur indique des pistes de réflexion qui sont susceptibles d'amener l'enfant à mieux gérer sa compréhension du phénomène de l'abandon d'un proche parent.

En somme, l'adaptation de Bye bye chaperon rouge est clairement établie et mérite sa place dans l'univers des enfants...

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LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE   LITTERATURE DE JEUNESSE  LIT - 394 - 87

 Par Yves-Patrick Beaulieu  HIVER 1994


                  LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE

     Comme toutes les aventures du célèbre reporter Tintin, l'his­toire Les bijoux de la Castafiore, écrite pour la jeunesse, semble relater une aventure assez simpliste.

Mais après analyse, ce n'est pas le cas. L'explication s'impose, trois pistes de réflexion seront donc communiquées: l'une portera sur les éléments informa­tifs du récit; la deuxième s'étalera sur la psychologie transparais­sant à travers les dialogues de la Casta­fiore et la dernière, sur les moyens de communi­cation utilisés à l'inté­rieur de la bande dessinée.

      Au sein de chacune des aventures de Tintin, on retrouve toujours des éléments informatifs sur des sujets se révélant souvent inconnus aux yeux d'un jeune lecteur. Par exemple, dans le récit qui nous intéresse, le lecteur apprend des termes relatifs au domaine de la télévision. Hergé expliquera avec force détails le fonctionnement d'une émission de télévision en différé. Quatre pages entières du livre seront réservées à cet effet...

      Dans cet épisode, tout se déroule à Moulinsart, lieu de résidence du capitaine Haddock. Pourquoi?

Plusieurs des aventures de Tintin se développent hors de la France. Peut-être ceci explique-t-il l'intérêt de la jeunesse pour ce type de bande dessinée: les voyages. Ces derniers forment l'esprit, dit-on. Hergé, en plus de fournir à l'imagination des images nouvelles (de pays loin­tains, de coutumes et de moeurs autres, etc. ) pleines d'éléments informatifs, ajoute des intri­gues intelligentes assorties de gags divers ( jeux de mots, chutes, etc. ), la résultante étant cet énorme succès qu'il connaît encore auprès des jeunes. Somme toute, pour revenir à la question posée plus haut, l'auteur désirait probablement fixé le récit en un lieu unique, restreint, parce qu'il voulait s'attar­der à un personnage en particulier.

Ainsi, à partir de l'arrivée des Romanichels sur la propriété du capitaine jusqu'à la fuite du photographe du maga­zine Tempo Di Roma, tout est axé sur le dévoilement de la personnalité de la  Castafiore. Différentes facettes de son tempérament sont révélées: cette crainte folle qu'entre­tient la canta­trice de perdre ses bijoux ( matéria­lisme ) et le fait qu'elle ne veut absolu­ment pas voir les médias, alors qu'en vérité cette attitude cache un ardent désir d'être re­connue ( l'égocentrisme ), attestent d'un caractère commun. L'auteur augmente, page après page, l'impact négatif du vol des bijoux en indiquant l'importance de ces derniers pour son per­sonna­ge. Le poids émotif qui accompagne ces pierres, gagne au fur et à mesure du déroulement des dialogues. Et c'est ainsi que lentement mais sûrement, l'auteur fait grimper la tension dramati­que jusqu'à la scène du vol. C'est aussi à ce moment que la véritable intrigue débutera, se nouera et se dénouera. Les fameux bijoux ne disparaî­tront réelle­ment qu'à la page 43 du livre. Pas avant...

A titre d'informa­tion, on notera que l'auteur du vol de l'émeraude: une pie, même si on ne l'apprend que dans les dernières pages, apparaît dès la première vignette de la bande dessinée.

     Passons maintenant à la dernière partie de ce travail. Les moyens de communication employés dans la bande dessinée sont peu nombreux. Afin de souligner la souffrance, le dessinateur utilise surtout des étoiles de différentes couleurs. La colère sera exprimée par des éclairs.

Les animaux parlent; en ce qui concerne le perroquet, ce fait est un peu plus concevable. Une portée musicale servira à annoncer le chant de la Castafiore ainsi que l'occupation du pianiste Wagner. Afin de présenter l'humeur intérieure des personnages, des bulles indépendantes seront employées régulièrement. Pour marquer la surprise, points d'interrogations et d'exclamations entourées d'étoiles seront dessinés tandis que la colère elle, sera démontrée par une tête de mort, un revolver, un éclair, un couteau, une bouteille de poison et même un oiseau déplumé ( p.10., troisième bande.). Lorsqu'il s'agira de montrer un monologue en provenance d'une source extérieure et quand il s'agira de donner des indica­tions de temps, des encarts jaunes seront placés. Les cris sont signifiés par des bulles éclatées et les bruits, en général, se démarquent des bulles de dialogues. La lettre, le télégramme, le magazine, le téléphone et la télévision constituent d'autres moyens de communi­cation.

                          

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Cassiopée et François Gougeon   Essai  LITTERATURE DE JEUNESSE  LIT - 394 - 87                 HIVER 1994 Yves Patrick Beaulie

        Ça faisait deux jours que la pluie tombait sur Sainte-Angèle quand je me suis enfin décidé à sortir de la maison. C'est simple, il n'y avait rien à la télévision depuis le matin et quand j'ai refermé la porte sur moi, le reste de la famille était à se riveté les yeux au jeu de Monopoly. Un beau samedi, en somme. Le genre de samedi qu'on appréhende lorsque les choses ne vont plus dans la vie amoureu­se. Anik et moi, on ne se voit plus que pour les formali­tés. On prépare notre séparation, comme elle dit. 

            Tout a commencé quand on je lui ai avoué que j'en pinçais pour une fille de l'équipe d'improvisa­tion, dimanche dernier. La fille en question est arrivée depuis peu, dans le village. Je l'aime bien. Moi, ce qui m'a tout de suite attiré en elle, c'est son sens de la répartie. Elle est capable de vous plaquer une réplique le temps de cligner de l'oeil; une vraie panthère blonde dans l'arène de l'impro.

            Anik avait le visage légèrement teinté de rouge et la voix très calme, le jour où elle m'a fait sa grande déclaration de l'année. Elle m'a regardé dans le blanc des yeux et puis, le plus innocem­ment du monde, avec des yeux d'épagneul, elle m'a annoncé qu'elle était sorti quelques fois avec Luc, ces derniers temps. Mon meilleur ami, Luc Robert! Le gars qui m'a appris l'art de me fermer la gueule sur une moto!

            Sur le champ, j'ai été tellement surpris que je suis demeuré la bouche ouverte comme deux portes de granges au vent.

On s'est regardé, j'ai repris mes esprits, on s'est serré la main amicale­ment puis on s'est quitté devant le cinéma. Ainsi était survenu la fin d'un premier grand amour qui avait duré six mois, neuf jours et un avant-midi complet. Je ne me plains pas, ça va bien quand même. Bref, me voilà en train de faire des ploufs dans l'eau, la tête baissée presque à toucher du front le ciment du trottoir, quand j'entends une voix derrière moi: « François! »

       Oui, j'ai perdu mon surnom; on ne m'appelle plus Woody mainte­nant. C'est fou ce que l'improvisation peut faire d'effet sur les gens: relation de cause à effet, sûrement. Je me suis arrêté dans mes pas, un pied dans une flaque, l'autre à côté. J'ai levé la tête et là, devant moi, en chair et en imperméa­ble, Cassiopée, la fille qui sait que j'en pince pour elle mais qui, depuis toujours, évite de me le montrer. Probablement, à cause de la protubérance qui accompagne mon visage partout où je vais.

     Cette fois-ci, par contre, elle semble avoir oublié mon nez. Je sors mon sourire commercial et d'un ton qui en dit long sur mon expérience chevron­née de comédien:

 - Ouu... ouais. Une belle journée pour se rencontrer, s'pas?

Ma personnification d'Humphrey Bogart semble l'avoir ébranlée. Je poursuis sur ma lancée:

- On danse?

           *

            S'il y en avait un que je ne désirais surtout pas voir, c'est bien François Gougeon. J'ai cette nette impression qu'il ne me hait pas du tout, celui-là. C'est vrai qu'il s'en tire bien contre les autres équipes de la ligue; et à dire toute la vérité, nous deux réuni dans un match, c'est généralement pas long à venir, une victoire. Mais au­jourd'hui, vraiment, ça ne me tente pas de converser, ne serait-ce qu'une minute, dans le style " intello ".  Il n'y avait que Marek pour bien parler... Et il savait vous regarder, lui. Enfin, faut remarquer qu'il y a des journées comme ça, où il faut savoir prendre les choses comme elles viennent; en tous les cas, c'est ce qu'aurait affirmé Andrzej. Mais là, à cet instant, et en pleine pluie en plus! A bien y regarder, c'est Fred Astaire tout craché, mais le nez en moins.

 « Hé? Cass! Je te demande une danse. Tu ne veux pas dansé? »

Il y en a qui ont le don de plaire! je n'ai qu'à dire son prénom pour qu'il se donne la permission de faire son numéro du Don Juan accompli. Pauvre lui! 

« Sois sérieux une seconde, François, tu veux? Faut que je te parle.

- Si c'est ce que vous voulez, ma Dame. Si c'est ce que votre coeur désire...

Je me demande quand il va sortir son pied de l'eau et qu'est-ce que je pourrais bien lui dire d'intelligent.

« Il faut que je te dise, au sujet du match qui s'en vient, c'est...

 - Ce soir, je le sais. Tu m'apprends rien, Cass! »

Tout compte fait, je me sentirais mieux devant Marek. Au moins, lui, il avait la politesse d'écouter. Est-ce que ma fleur   séchée est toujours dans mon sac? Je vérifierai tout à l'heure.

 - C'est pas possible... je ne pourrai pas y être ce soir. Tu peux faire le message aux autres? 

 « Elle parle de la joute de ce soir! » me suis-je dit, inté­rieu­rement. Elle me regarde comme si subitement, j'étais devenu son sauveur. Mais est-ce qu'elle m'aime vraiment? Ah, si tu savais ce que je ressens à ton égard, femme de mes rêves.

Ce léger pincement de lèvres, elle baisse les yeux... Serait-ce qu'elle n'éprouve pas les mêmes sentiments que moi? Si c'est ça, c'est pas une première, c'est certain! Envoie, raisin, sois courageux. T'es plus timide: demande-lui donc!

 - Es-tu malade? »

  

                                                                      *  *  *

     

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 L'ETRANGER de Albert Camus  CRITIQUE

 Par Yves-Patrick Beaulieu  FRN-140-87 Stylistique appliquée

 

                      Le 22 septembre 1993

       L'Etranger

     Albert Camus n'est plus de notre temps... Dommage car il aurait été intéressant pour l'auteur de ce texte, de rencontrer l'homme derrière la plume. A la lecture de son roman l'Etranger[1], deux pensées vien­nent à l'esprit: l'une concerne l'indifférence et la seconde, l'admiration.

      S'il avait voulu choisir un titre plus approprié encore que celui auquel il s'était alors résolu, monsieur Camus aurait pu titrer son livre: L'Indifférent. En effet, le personnage princi­pal, Meursault, est un être dont l'insensibilité conduit à une telle conclusion. La mort de sa mère puis l'enterrement, le meurtre de l'Arabe et même sa propre condamnation au cours des derniers chapi­tres, le laissent imperturba­ble. On croirait qu'il s'agit d'un automate qui a le pouvoir d'analyser tout ce qu'il voit mais qui, incapable de réagir avec émotivité, ne s'occupe que de constater les faits l'entourant. Il ne serait qu'une machine n'ayant pas été programmée (parce que c'est impossi­ble) pour accomplir pareil exploit.

     C'est un être dépourvu de senti­ments pour qui la vie n'est qu'un passage vide, dénué de sens. Il n'a pas cette capacité de dire qu'ont la plupart des humains lors­qu'ils font face à des événe­ments péni­bles et diffi­ciles à surmonter. Il ne possède que son détachement morbide. Et cela choque. Si bien que l'on fini par détester le personnage. E­tait-ce là l'intention de l'auteur?

      Si tel est le cas, sa réussite est complète!

     La seconde pensée vient de ce que la lecture de chacune des pages de son roman s'est avérée pleinement satisfaisante. Pénétré d'admiration, découvrant les scènes une à une, le lecteur ne peut un seul instant, contempler l'idée de rivaliser avec une telle écriture. La facilité de l'écrivain donne vraiment à penser pour qui désire se livrer au travail de la rédaction. Ecrire d'une manière aussi succincte, d'une façon si adroite, soulève des questions chez celui qui voudrait éventuelllement aborder le style romanesque. Tout simplement parce que, derrière ces mots, se cache une véritable maîtrise de la langue française. Et puis, faire face à un génie n'est pas facile... On se dandine sur le bout des fesses, mal à l'aise sous sa vision. On voudrait en même temps, ne pas avoir à regarder les lignes défilant sous nos yeux car elles menacent, ébranlent les convictions intimes. Comment écrire lorsque les grands maîtres nous font réaliser notre petitesse, à la seule force de leurs mots? Le doute s'installe peu à peu et la résolution d'apposer des mots sur une feuille blanche devient vite incertaine!

      Pourtant, devant l'oeuvre, on réalise aussi qu'il nous sera possible un jour, d'esquisser un début de splendeur. Car, c'est à force de persévérance, d'études que l'on peut arriver à dompter ce qui nous fait peur, c'est à dire dans ce cas précis, l'écri­ture littéraire. Bien sûr, il y a l'intuition, l'importance des messages à communiquer, mais il y a surtout la lecture des grands classiques tel l'Etranger pour nous aider à concevoir ce rêve...



    [1]Camus Albert (1957). "L'Etranger". Editions Gallimard.


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UNIVERSITE DU QUEBEC A RIMOUSKI

 L'EXILE  DESCRIPTION  FRN-140-87  Stylistique appliquée

Par Yves-Patrick Beaulieu  

 

Le 10 novembre 1993


 L'EXILE

 Au pied des collines Kékéko, à moins d'une dizaine de kilo­mè­tres à l'ouest de Rouyn-Noranda, le lac Beauchastel, paisi­ble, se recou-vrait de brume. C'est au sein de cette nature à moitié sauvage que Bertrand Lange­lier, quelques années plus tôt, avait choisi d'éri­ger sa demeure et d'y vivre tranquillement sa retrai­te. Il était assis sur les marches de son chalet et regar­dait l'étendue liquide d'un oeil dis­trait. Habillé d'une chemise à carreaux rouges et noirs ainsi que d'un pantalon de toile brune, il ressemblait aux bûche­rons du temps de la coloni­sation; seuls manquaient les souliers de boeuf. C'était un beau vieillard, son visage au menton carré don-nait l'im­pres­sion d'un passé dépouillé de problè­mes. Il avait un front haut et dégagé qui reposait sur des sourcils épais et brous-sail­leux. Sous ces derniers, des yeux vifs et noirs fixaient à présent un rouge-gorge s'évertuant à arracher un ver venu trop près de la surface terrestre. L'homme extirpa de la poche de sa chemise une pipe taillée dans le merisier, il la caressa longuement du regard puis se décida enfin à poser la flamme de son Zippo au-dessus du fourneau. Des bouffées de fumée se propa­gèrent bientôt dans l'air frais du ma­tin pour s'élever lentement vers les cieux bleutés. Bertrand Langelier était heureux d'être dans cette forêt; cons­cient d'être gâté par la vie, il appréciait ses derniers jours à leur juste valeur. Mais le passé n'a­vait pas toujours été aussi doux pour lui. Jadis, dans sa jeunesse, il avait eu à faire face à la guerre. En 1945, il s'était re­trouvé de l'autre côté de l'océan et, sur une plage de galets en Normandie, il avait vu ses compa­gnons d'armes se faire déchi­queter par les balles ennemies. Loin d'être préparé à un tel carnage, il avait survécu de justesse aux plages de Dieppe. Il avait été impuis­sant devant cette réalité. Toujours, il se sou­vien­drait de la violence meur­triè­re, de cette cruauté dont seul l'homme peut être capable, et de la fragi­lité de l'exis­ten­ce... 

 Après la guerre, dans le petit village de St-Romuald, près de la grande ville de Québec, il avait trouvé le bonheur auprès de Jean-ne. Il l'avait rencontré peu avant le transfert de son régiment en Angle­terre. Elle l'avait atten­due. Un mariage simple avait eu lieu et un enfant peu après, était né. Peu à peu, ils avaient tous deux enfouis les restes de cette guerre au fond de leurs conscien­ces. Il avait enfin repris goût à la vie. Puis, un jour, un drame était ve-nu modifié le cours de son existence: la maladie frappa Jeanne et elle fut emportée aux cieux. « Jeanne, ma douce amie, pourquoi m'a tu quitter? » avait-il long­temps pensé à la suite du décès de sa femme. Mais la présence de David l'avait poussé à conti­nuer sa lut-te pour la vie. Avec le temps, il avait fini par repousser la dou-leur de sa perte au fond de sa mémoire. David, le petit gars de huit ans, était parvenu à lui insuffler le désir de se rele­ver. Peu après, ils avaient quitté la ville de St-Romuald et s'étaient exi-lés dans cette région éloi­gnée des grands centres urbains.

D'un geste machinal, il écarta une mèche de cheveux grison­nants puis se leva. Il avisa le quai où l'atten­dait son canöe, s'y rendit et vérifia, scrupuleux, son attirail de pêche. Il s'aper­çut qu'il avait oublié d'apporter les ap­pâts. Ces pertes de mémoire occasion­nelles l'énervaient au plus haut point. Aussi, est-ce avec une pa-tience mesurée qu'il se releva et remonta le sentier sablonneux menant au chalet. A mi-chemin, il dut s'ap­puyer contre un cèdre pour reprendre son souffle. Peu à peu, sa respiration redevint normale. Il se souvint d'une époque où il pouvait encore gravir ce sentier en trois ou quatre enjambées sans pour cela ralentir et de ces jours où aisément, il avait pu nager jusqu'à la pointe d'en face. Il était jeune et fougueux alors, plein d'une énergie qui ne deman­dait qu'à se voir dépenser... A présent, il devait s'arrêter à tout bout de champ. Surtout pas question de plonger tête pre­mière au bout du quai! Cela lui manquait, mais il s'était avec les an-nées, rési­gné. Enfin reposé, il franchit les derniers mètres le sépa­rant de son but. Il pénétra dans la maison de bois rond tout en prenant au passage son chapeau de paille resté accroché au mur de la véran-da, non loin de la porte. Quelques instants plus tard, il ressor­tait les bras chargés d'un havresac rempli à ras bord de vic-tuail­les. Le sourire aux lèvres, il revint au canöe, s'y installa puis l'éloigna du quai d'un bras vigoureux. L'embarcation glissa sur la surface miroitante du lac désormais exempt de brume. Un huard déchira l'air de sa plainte solitaire puis la nature redevint silencieuse. Le vieil homme fit entrer délica­tement sa pagaie dans le reflet du ciel afin de garder la magie de ce matin d'automne. Le canoë propulsé momentané­ment, re­leva la tête et retomba doucement sur les eaux souverai­nes. Un second coup de pa­gaie, cette fois un peu plus puissant, le fit bifurquer sur la gauche, en direction de l'île aux Esturgeons. Un banc de doré reposait de temps à autre dans ses parages. S'il lui arrivait parfois de ne pas trouver le poisson à cet endroit, il le trouvait alors à l'arrière de l'île, dans la Baie des prospec­teurs, là où l'eau était plus chaude parce que moins profonde.

 L'automne se prêtait bien à ce genre d'expédi­tion car le poisson profitait des derniers instants de chaleur pour se réchauffer, le ventre tourné vers le soleil...ventre tourné vers le soleil...


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UNIVERSITE DU QUEBEC A RIMOUSKI

Travail de rédaction  Consigne 1  FRN - 110 - 87  Difficultés de la langue française I

Automne 1993   Yves-Patrick Beaulieu

 La porte était ouverte...

     La porte était ouverte. Par l'embrasure, on pouvait voir la mer... calme en ce matin d'octobre. Hier, déchaînée, elle avait rompue avec la placidité du ciel. Sans reproches, la coupole cé­leste avait continué à la narguer de sa tranquillité apparen­te. Aujourd'hui, comme essoufflée, l'é­tendue d'eau se reposait. Elle était belle la mer, avec ses goélands argentés voltigeant au-dessus de sa limpi­dité, avec ses cormorans piquetant sans cesse son miroir liquide, accompagnés d'une multi­tude de petites bar­ques noires tâchetant sa surface en quête de trésors sous-marins.

     Les barges semblaient flotter, elles étaient éparpillées le long du littoral dans un étalement similaire aux pointes acérées d'une toile d'araignée. Ainsi disséminées, elles semblaient représenté un gigantesque piège. Les oiseaux dans cet ensem­ble, deve­naient des insectes qui essayaient par tous les moyens de se libérer de son emprise. Mais la ressemblance cessait dès qu'on s'attardait aux pêcheurs dont les barques se trouvaient plus près de la côte; ceux-ci, à la lumière d'un soleil automnal, s'occu­paient à retirer de la mer des cages de bois, nullement soucieux des volatiles piaillant à tout va autour d'eux. Ils vaquaient, consciencieux, aux tâches accomplies jadis par les ancêtres. Pas uns n'était à ne rien faire: tous bougeaient. On aurait voulu être avec eux et comme eux, avoir le sourire aux lèvres, à pêcher le homard, à vider les entrailles de chacune des cages.

Pourtant, pour ce faire, il aurait fallu posséder cette dextérité légendaire qui faisait que chez ces hommes la pêche était agréa­ble, qu'il fasse beau ou mauvais, en toute saison. Devant cette réflexion, on devenait moins volontaire et plus enclin à demeurer sur place. Car la réalité toute autre nous dictait la voie à suivre... Elle enjoignait à rester sagement au seuil de cette porte entrou­verte et elle nous incitait doucement à oublier l'inex­périence ron­geant nos sens. C'est ainsi qu'une autre vision apparaissait dans notre esprit. A l'idée de ces visages resplen­dissant de bonheur, une image pittoresque se profilait, donnant aux pêcheurs une seconde envergure. Du haut de l'Histoire, ceux-ci se dressaient fiers et souriants, comblés par la richesse de la mer.

     Naguère, ils avaient eu faim, ils n'avaient pas su la bonté de l'océan. Puis, ils avaient appris à connaître ses secrets. Ils avaient pu vivre paisiblement, à l'abri de la souffrance. Mais à leur tour, ils s'étaient faits exploiter; pendant des années, des marchands étrangers leur avait rendu la vie difficile. Un jour, ils en avaient eu assez, ils s'étaient regroupés afin de s'arra­cher au joug injurieux des maîtres puis enfin, avaient recouvrer le sourire. Le Gaspésien d'aujourd'hui ne blâmait pas l'étranger puisque ce dernier, par son exploitation d'antan, lui avait montré l'importance de la solidarité en période de crise. Une méfiance par contre, subsistait à l'endroit de celui qui n'était pas du pays...

C'était naturel, après tout ce qu'il avait eu à subir par le passé, que de montrer pareil sentiment! Il suffisait d'avoir un peu vécu auprès de ces gens pour le reconnaître.

Un regard sur la mer avait suffi pour ressasser ces pensées. Un simple coup d'oeil sur le travail de quelques hommes et un après-midi s'en était allé, rien qu'à se tenir contre le chambranle de la porte...


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UNIVERSITE DU QUEBEC A RIMOUSKI

 Travail sur la bibliographie  FRN - 150 - 87  RECHERCHE ET DOCUMENTATION

Yves-Patrick Beaulieu HIVER 1994    

 

L'ENVIRONNEMENT DE L'HABITANT GASPESIEN DANS LA BAIE DES CHALEURS.

 Le but de ce travail étant de dresser le profil actuel du Gaspésien établi du côté de la Baie des Chaleurs, la recherche d'informa­tions récentes constituait une orientation privilégiée. Parallèlement, des informa­tions sur le passé historique de l'habitant devait être regroupées, cela afin de connaître l'évolu­tion du sujet dans le temps (luttes individuelles et luttes de masses, difficultés liées au métier de la pêche, etc.).

 La constitution d'une banque de données traitant des particu­lari­tés environnementales (faune, flore, qualité de l'air, etc.) de la côte sud de la péninsule gaspésienne représen­tait le principal objectif de cette recherche biblio­graphi­que.

 L'objectif secondaire visait d'une part à définir sommairement la personnalité de l'habi­tant résidant dans le comté de Bonaventure et d'autre part, à établir un portrait de quelques modes de vie spécifiques à cette région. La pêche côtière serait particulière­ment visée lors de cette démarche puisqu'elle subit actuellement une transformation (régress­ion des stocks, imposition de moratoi­res, nouvelles délimitations des zones de pêche, etc.) importan­te, ce qui affecte la sécurité d'une bonne partie de la popula­tion locale. Une autre activité de pêche, celle-là sportive, semble compensé les pertes infligées au secteur économi­que précédent soit: la pêche au saumon. On calcule que la capture d'un seul spécimen nécessite un investis­se­ment moyen de 700$ à 800$ et que le séjour d'un pêcheur variera en général d'une fin de semaine à une semaine entière. 

Que pense le Gaspésien de ces activités? La recherche sur cette dernière question étant en cours sur le terrain, d'autres ques­tions s'imposent: quelles sont les croyances gaspésiennes?

Existe-t-il, dans la Baie des Chaleurs, un parler différent des autres régions québécoises? Quels sont les mets préférés de la région? La Gaspésie possède-t-elle oui ou non, un répertoire de chants folkloriques et y a-t-il des chants ayant trait à la mer?

Cette recherche bibliographique devait répondre à la plupart de ces interrogations.

Sur la préoccupation de l'auteur pour la question des autochtones, une recherche sera conduite sur la place qu'occupe ces derniers au sein de la société blanche. La spiritualité micmaque sera un sujet éventuel d'exploration. En avant-goût, une oeuvre cinémato­graphique a été retenue à cet effet...[1]

 Bibliographie

 Arsenault, Bona. "Le rude mÚtier de la pÛche", RHG, 11, 1 (janv.-mars 1973): 8-21, Ill.

Arsenault, Bona. Souvenirs et confidences. Coll. "Vies et mÚmoires". MontrÚal, LemÚac, 1983. 288 p. Ill.

Bachand, Charles-Alain. Connaissances environnementales de la municipalitÚ rÚgionale de comtÚ de Bonaventure. Rimouski, ministÞre de l'Environnement, 1983. 9 p.  Carte

 

BÚlanger, Jules, Marc Desjardins et Yves Frenette. Histoire de la GaspÚsie. Coll. "Les rÚgions du QuÚbec". MontrÚal, BorÚal Express/ Institut quÚbÚcois de recherche sur la culture, 1981. 797 p. Ill., cartes.

Bertrand, A.-A. "Le bateau fant¶me de la Baie des Chaleurs", BRH, 42, 4 (avril 1936): 225-228.

Bourque, Huberte et Rosaire Corbin. Bienfaits des plantes sauvages: patrimoine de la Baie des Chaleurs. QuÚbec, ministÞre de l'Energie et des Ressources, Service de l'Education en conservation, 1981. 46 p. Ill., glossaire.

Brown, R.G.B. Et al. Atlas des oiseaux de mer de l'est du Canada. Ottawa, ministÞre de l'Environnement, Service canadien de la faune, 1975. 220 p. Cartes.

CollÞge de la GaspÚsie. Dossier sur la langue en GaspÚsie, vocabulaire: compilation de mots et d'expressions gaspÚsiennes. GaspÚ, le CollÞge, Service de l'Úducation des adultes, 1983. 200 p. 

Corbeil, Michel. "Toute l'industrie de la pÛche est en trÞs sÚrieuse difficultÚ", Le Soleil, 1er dÚc 1989., p. B1.

 

Corbeil, Michel. "1989 aura ÚtÚ particuliÞrement mauvaise pour l'industrie quÚbÚcoise de la pÛche", Le Soleil, 27 dÚc. 1989., p. B3.

DeschÛnes, Donald. "Chants de mer gaspÚsiens", GaspÚsie, 23, 2 (avril-juin 1985): 42-47. 

Fallu, Patrick. "Carleton, un barachois Ó dÚcouvrir", GaspÚsie, 20, 3 (juill.-sept. 1982.): 35-36.

GagnÚ, mme Charles. Quand les bateaux reviennent: recettes typiques de la GaspÚsie et des Iles-de-la-Madeleine, de la barque du pÛcheur Ó la table du consommateur. Coll. "Recettes typiques". MontrÚal, LemÚac, 1973. 258 p. Carte.

Gallagher, Rodrigue et Liliane Arsenault. Les riviÞres de la Baie des Chaleurs. Rimouski, CÚgep de Rimouski, 1981. 84 p. Ill., cartes.

 GuitÚ, GÚrard. Le milieu gaspÚsien. ThÞse (licence), UniversitÚ Laval, 1940.  104 p.

Jolicoeur, Catherine. Le vaisseau-fant¶me: lÚgende Útiologique. ThÞse de doctorat (langue et littÚrature franþaise), UniversitÚ Laval, 1963. 502 p.

Landry, HÚlÞne, Sophie Lemieux et Louis Gosselin. Les pÛcheurs c¶tiers de la pÚninsule gaspÚsienne: histoire et particularitÚs. UniversitÚ du QuÚbec Ó Rimouski. Groupe d'Útude des ressources maritimes, 1984. 21 p.

Lavoie, Jean. Reconstitution matÚrielle d'un Útablissement de pÛche commerciale en GaspÚsie au dÚbut du XXe siÞcle. ThÞse de ma¯trise (arts et traditions populaires), UniversitÚ Laval, 1985.

Leblanc-Babin, Candide et Guylaine Dion-Bourdages. Souvenirs d'autrefois: "C'Útait le bon temps". Caplan, les Auteurs, 1984. 296 p. Ill.

LÚveillÚ, Marcel. "Les parcelles boisÚes dans la Baie des Chaleurs", ForÛt conservation, 25, 2 (fÚvr. 1959): 14-15.

Logimer inc. Etude du littoral de la MRC de Bonaventure. QuÚbec, Logimer inc., 1984. 33 p. Ill., cartes, annexe.

Mauger, Louise. "La Marie-Clarisse Ó Carleton", GaspÚsie, 19, 2 (print. 1981): 16-23. Ill.

 Roy, Jean-Louis. "L'hÚritage maritime gaspÚsien: une richesse Ó prÚserver", GaspÚsie, 22, 1 (janv.-mars 1984): 42-50. Ill.

 Saunders, Roy. The Escuminac disaster. London, Oldbourne, 1960. 120 p. Ill.

 "SpÚcial PÛche: avant qu'il ne soit trop tard...", QuÚbec Science, 20, 3 (nov. 1981): 23-49. Ill.

TrÚpanier, LÚon. "Le scandale de la Baie des Chaleurs", On veut savoir. Tome 1 (MontrÚal, La Patrie, 1960): 41-42.

TrÚpanier, LÚon. "Les bateaux en feu de la Baie des Chaleurs", On veut savoir. Tome 1 (MontrÚal, La Patrie, 1960): 177

Zacharchuk, Walter et Peter J.A. Waddell. Le recouvrement du Machault, une frÚgate franþaise du XVIIIe siÞcle. "Etudes en archÚologie, architecture et histoire". Ottawa, Parc Canada, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, 1984. 74 p. Ill., cartes.

 Megmuwesug: l'esprit enchanteur (Megmuwesug: The bewitched spirit).

RÚalisation: Daniel Bertolino. Production: Via le monde Canada. 1981. Couleur. 24 mn.  Son. Aussi en version anglaise.

 Une installation Ó disposer... Saint-Yvon, GaspÚsie 1983.

RÚalisation: Franþois Brault. Production: Jean Dansereau, 1983. Couleur. 53 mn.  Son.



     [1]    Megmuwesug: l'esprit enchanteur. Voir dans la bibliogra­phie.


 *  *  *

     UNIVERSITE DU QUEBEC A RIMOUSKI

     AUTOPORTRAIT  LIT - 302 - 87  telier d'écriture en poésie

     Hiver 1994  Yves-Patrick Beaulieu

  

                             Vivre

                         Partir là-bas

                    Revenir enfin à la vie

                        Patrie d'hiver

 

 

                      Dans un bel endroit

                     Sans fard ni truquage

                           J'y vais

                          N'y va pas

  

                       Oublie l'Irlande

                         Et ses pâtres

                       Pense à l'ivoire

                        Aux perce-neige

                             Ivresse

                          Vive mes pas

                       Triche l'oisiveté

                          Rejoins Eve


*  *  *

 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À RIMOUSKI

ANALYSE DU VOYAGEUR DISTRAIT Travail présenté à madame Frances Fortier dans le cadre du cours   DISCOURS ET FORMES ROMANESQUES  LIT - 201 - 89  par Yves-Patrick Beaulieu                  Automne 1994


           Gilles Archambeault: Le voyageur distrait

     Dans ce travail, l'optique était de décrire chacune des fonctions du narrateur. Un exemple devait être soumis.   

Partie I.

     La fonction narrative:

 p. 43., ligne 22

... Le Nicky's Bar. Jack venait souvent à la fin de sa vie dans ce petit local sombre qui appartenait à son beau-frère, Nick Sampas. Histoire de boire à l'oeil probablement. Julien regrettait d'avoir raté Stella Sampas. Il lui écrirait en Floride. Peut-être accepte­rait-elle de répondre à quelques questions au sujet de cet étrange mari? À l'entendre...

      La fonction de régie:

 p.17., ligne 6

... Je parlerai de Mélanie, d'une autre femme avec qui j'ai vécu, de mon amour du jazz et de lieux visités dans les pas de Jack Kerouac. J'évoquerai des êtres mi-inventés mi-observés...

      La fonction testimoniale:

 p.55., ligne 8.

... Parfois, un automobiliste salue au passage le prêtre qui s'empresse de lever son bras en signe de reconnaissance. Un autre aspect de Lowell qui apparaît, celui d'une petite société catholi­que bien docile...

     La fonction de communication:

 p.85., ligne 5

... L'homme n'est plus qu'un habitacle de souffrance, vous le savez...

      La fonction idéologique:

 p.72., ligne 6

... mais je ne peux plus me permettre de perdre du temps. Dans deux ans j'aurai cinquante ans. La fugacité, seule loi...

      La fonction performative:

 p. 106-107., dernière ligne

... L'admiration que j'ai pour elle, la reconnaissance que je lui témoigne dès que je me détourne de mon obsession intérieure. Oui, Mélanie aurait pu continuer son chemin, mais elle a saisi dans mon désarroi d'alors une raison d'espérer...

 Bibliographie

 ARCHAMBEAULT, Gilles, Le voyageur distrait, Montréal (Qc), Les Editions de l'Hexagone, 1988, 144 pages.

 

Partie II.

 1.  Sur la foi de quel(s) indice(s) pourrait-on conclure à la présence d'un récit métadiégétique?

Le premier chapitre constitue le récit intradiégétique et le narrateur est alors extradiégétique. Lorsqu'on aborde le second chapitre, l'indice permettant un énoncé de récit métadiégétique est le suivant: le narrateur devient intradiégétique puisqu'il se présente sous un personnage appelé Michel. À partir de ce moment, le narrateur second raconte la vie de ce personnage; il s'agira donc d'un récit métadiégétique.

2.  Le temps de la narration est-il stable tout au long du texte?

Non. Il y a une narration antérieure au premier chapitre. Mais, la plupart du temps narratif s'inscrit dans le temps de la narration simultanée.

*  *  *


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