lundi 8 juillet 2013

Au 5, 6e rue...

Terre des Hommes. Le monde entier, du 28 avril au 27 octobre 1967 se réunit en terre d'Amérique.


Soixante deux pays se retrouvent à l'exposition Terre des Hommes et cinquante millions de visiteurs, passeport mondial en mains, franchissent tous les pavillons des pays hôtes. L'exposition universelle de Montréal a lieu dans la province francophone du Québec, au Canada. Et c'est au milieu du fleuve Saint-Laurent, sur l'île Sainte-Hélène - dont on a doublé la superficie - ainsi que sur une nouvelle île construite de mains d'hommes, l'île Notre-Dame, que se déroulera l'événement planétaire.

J'en parle et j'en bave, je vous dirais, lectrices et lecteurs (pour déroger aux règles grammaticales qui veulent que la femme passe après l'homme dans les textes.).

Passons, d'autres propos se préparent. Par exemple : Ma petite sœur Manon voit le jour un 25 févier 1967. Ce n'est pas rien. Ça se passe dix ans après la naissance du dernier enfant. Toute la famille est ravie bien sûr. Christine, l'aînée des enfants nous fait d'excellent repas pendant l'absence de papa. Quand je dis "nous", je dis "nous" les quatre frères : Richard, Claude, Daniel et l'auteur de ces lignes.


Nous logeons au sous-sol du logement familial. Au rez-de-chaussé, il y a la cuisine qui donne sur la cour arrière et un salon qui embrasse la 6e rue. Le deuxième étage est fait de deux chambres à coucher ainsi que d'une salle de bain. Comme je le disais tout à l'heure, mes frères et moi sommes dans une chambre aménagée au sous-sol. Des lits superposés de chaque côté de la pièce, séparés au centre par quatre pupitres d'écolier, en bois, avec trou pour encrier et tout et tout. Les pupitres sont collés les uns contre les autres, face au mur sur lequel ils ont été poussés.
Il y a belle lurette qu'on n'utilise plus ni l'encrier ni la plume mais ça demeure agréable au regard. Il s'agit quand même d'un meuble d'une autre époque... Le chat, donc, est parti et les souris dansent. Les fins de semaines, c'est à qui de nous quatre veillera le plus longtemps le soir, jusque tard dans la nuit. Étant l'aîné de mes frères, je m'efforce de donner l'exemple... Christine croit tout ce que je lui raconte car elle me perçoit comme le plus responsable de nous tous. Aussi, je m'attarde longuement avec elle sur ses qualités de chef, en cuisine. L'adolescence m'a frappé de plein fouet et mon ventre ne cesse de réclamer de la bouffe. Je lui suggère des plats appétissants tels que : macaroni au fromage Cheez Whiz, - un  merveilleux fromage cheddar crémeux - avec tomates épicées. Omelette style "Western", riz frit au poulet et champignons et mon meilleur repas au monde, un rôti de bas de palette de bœuf avec des pommes de terre pilées au lait et a beurre. Je ne parlerai pas ici des desserts, par respect pour le lecteur affamé. En un tour de main, Christine te prépare un repas le temps d'un pet, subito presto. Après, le plus difficile pour nous les hommes (nous avons tout de même neuf, dix et onze ans), c'est de faire la vaisselle. Christine en tête, elle passe les assiettes propres au plus vieux des gars qui lui s'écarte pour faire place au suivant, soit Daniel et ainsi de suite, jusqu'au tout petit, celui qui répond au nom de Richard. Un instant malheureux au sein d'une période heureuse, en somme.


J'ai sept ans. Nous somme au mois de juin 1964. Je me tiens dans le coin avant de la cour, elle donne sur la rue Seymore, à North Bay.. Ma mère est sur le perron, elle sourit. Je suis fier car je viens de montrer à papa que je pouvais lacer mes espadrilles... Ce même été, mon père emmène la famille rester en forêt, à Matheson en Ontario. Il vient d'obtenir le contrat d'installer l'électricité dans une mine nouvellement construite. Il nous installe dans un campement où il y a une dizaine de tentes de prospecteurs, grandes et toutes traversées d'un tuyau, relié à un poêle à bois. La nuit venue, cette source de chaleur était vite appréciée...
Christine et moi, Matheson, Ontario.
Une photo (à la droite du texte) de moi à cette époque prouve sans équivoque que j'avais réellement été embauché pour protéger les familles du coin contre les nombreux ours noirs qui rôdaient aux alentours. En vérité, c'est à regret que j'ai accepté l'offre du chef de ce campement, monsieur je ne me souviens plus de son nom machin chouette.

Mais oui, mais oui, je porte un révolver! Ça ne se voit pas? Christine, ma grande sœur bien aimée, pourrait en témoigner vivement. Elle est sur la photographie, quoi de plus crédible? J'ai bien aimé cet intermède : En pleine nature, au cœur de la forêt boréale, au sein d'un campement minier, dans un endroit où seuls les ours étaient rois avant la venue des hommes. Derrière la tente se trouvait un amas de balles de foin fraîchement coupé, un peu plus loin en contrebas du campement, une petite rivière traversait le sentier menant à la mine, le rêve absolu pour tout jeune garçon! Mais moi par-dessus tout, je préférais la cafétéria. C'était une tente de toile blanche immense, d'environ quarante mètres par quarante. Il y avait en son centre deux grandes tables faisant presque la même distance. Tout au fond de la tente, au bout des tables, on devinait une autre tente, la cuisine. J'assistais religieusement aux trois repas : Petit déjeuner, déjeuner et dîner. La boustiffaille était tellement bonne qu'on en oubliait la proximité des ours qui certainement devaient humer les émanations provenant de la cafétéria. Les jours se déroulaient ainsi, au fil des repas, à ne rien faire d'autre que de jouer dans la paille, attraper des couleuvres et des crapauds, courir après les écrevisses sur les rives du petit cours d'eau, dans l'attente de papa qui reviendrait de la mine, la boîte à "lunch" au bout  du bras recélant des livrets de bandes dessinées et parfois un demi-sandwich ou encore un petit dessert. La belle époque!
3 de ...

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