dimanche 7 juillet 2013

Paul...

Un peu plus loin dans le temps, nous roulons en voiture, dans une petite Envoy bleu marin qui remonte la route 63 Nord et croise la route 101 qui elle, serpente parallèlement au lac Témiscamingue. Nous venons justement de dépasser la petite localité de Témiscaming; située au  pied de ce grand lac. D'ici quelques minutes, nous serons au Québec. Je suis malade, j'ai l'asthme, j'ai une forte grippe et des fois je vomis.... Le voyage de ma vie quoi! Plus que trois heures de route avant Rouyn-Noranda.  

École Mgr Pelletier, je dois refaire ma 3e année de primaire au Québec. J'habite au 150 Taschereau ouest, dans un six logements. Tout près de l'immeuble il y a un mur de ciment, haut de plus d'une dizaine de mètres. Au-delà de ce mur, au faîte d'une ancienne colline se trouve l'ancien réservoir d'eau de la ville de Rouyn. Nous sommes allé voir ce réservoir de plus près à maintes reprise; une échelle menait à une porte, unique sur tout le pourtour de l'immense citerne.

À l'intérieur, une sorte de balcon métallique permettait de pencher le regard et d'observer une masse d'eau sombre, au fond du réservoir. Des années plus tard, on ferait de cette masse circulaire de briques brunes un édifice à logements, appelé "La Tourelle". Les logements y seraient découpés en pointes de tartes, de grandes ouvertures donneraient sur des pans entiers de la ville, dans toutes les directions.

Je me suis fait un ami en la personne de Paul Laronde. Il reste dans une maison blanche et dans sa cour arrière, il a un tamia en cage, une cage à suisse qu'on dit ici, nantie d'une roue permettant à la petite bête de s'exercer en la faisant tourner de l'intérieur, sur elle-même. Un jour, un peu plus tard durant l'été, j'ai voulu revoir le petit suisse; je me suis rendu chez Paul et j'ai demandé à madame Laronde si Paul pouvait venir à la porte.
Madame Laronde s'est penchée vers moi et elle a dit ceci : "Je crois que Paul ne te verra plus, Yves. Paul nous a quitté hier. Il était au lac, il s'est noyé. Mon garçon est parti pour toujours, pour toujours tu comprends?" Elle était presque à genoux maintenant. Accroupie devant moi, ébranlée par de lourds sanglots, elle pleurait toute sa peine. Je ne savais plus que faire. J'ai eu la force de poser ma main sur son bras et j'ai dû lui dire que je devais partir. Je risquais de me laisser aller aussi aux pleurs. Le grand frère de Paul était facteur pour la ville de Rouyn. Pendant des années, après cet événement tragique, sa rencontre dans les rues de la ville m'a aidé à supporter l'absence de mon ami, De le rencontrer ainsi, à l'impromptu, me rappelait chaque fois l'époque où tout était normal sur la rue Taschereau, où Paul et moi faisions des projets de capture d'animaux, de baignades au lac Kiwanis ou de glissades au Cap d'Ours, l'hiver et nos rêves allaient ensemble vers des sommets vierges, au fur et à la mesure des jours qui passaient.

2 de ...

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