mardi 9 juillet 2013

De grelôts...

Retour en avant : 1967 s'est terminée en beauté. Manon, ma petite sœur, tu n'es encore qu'un nouveau-né que déjà nous t'aimons tous. Tu as deux années de vie bien pleines quand je me retrouve avec un bicycle à pneus "balloune", en quelque sorte l'ancêtre du pneu de vélo de montagne actuel mais avec une traction peu prononcée... J'ai à présent l'occasion de visiter tous les amis connus dans les différentes écoles de la ville au cours de ces quelques années en terre québécoise. Plus important encore, dorénavant, je pourrai combattre la présence nocive du souffre sortant des cheminées de la mine Horne, au nord de Rouyn, puis au nord de Noranda, au-delà du lac Osisko.


Le lac sépare les villes jumelles. D'un côté, les commerces et les débits de boissons et de l'autre, une ville de mineurs, résidentielle, érigée au pied de la mine de cuivre, découverte en 1911 par Edmund Horne, prospecteur de métier.

Mon vélo, ah mon vélo! Fidèle ami. Nous habitions ce secteur, nous logions à un plus d'une centaine de mètres du lac, tout contre le parc qui le ceinturait depuis les années '20. À moins d'un kilomètre des deux cheminées de la minière, nous n'étions pas à l'abri de la fumée qui en émanait, les jours où le vent tombait complètement à plat.

Ces jours-là, je tendais la main vers mon vélo et subito presto je me retrouvais dans un quartier sain, dénué de l'odeur forte du souffre, une odeur d’œuf pourri, épouvantable à soutenir pour tout asthmatique car elle signifiait difficulté à respirer, souffle court et tout le bataclan, quoi.

À bien y penser, cette émanation me dérangeait beaucoup moins que l'effet même du souffre sur ma personne ou devrais-je dire ma petite personne, pour faire plus triste encore. Sauvée par mon vélo, ma vie allait s'améliorer de beaucoup... De simple amateur de vélo, je suis vite passé à professionnel en ce domaine. Un futur Lance Armstrong mais sans être gonflé de stéroïdes anabolisants, c'est cela oui.
On en vint vite à m'appeler El Zorro car j'apparaissais comme tel aux yeux de mes amis, style façon surprise surprise, me voici! De plus, je portais, au bas de chacune des jambes de mon jeans, des pompons grosseur grelot, qui rappelaient les premiers gringos mexicains vus dans les films américains. Des grelots aux bas de pantalons et aux pourtours des sombreros, sauf que dans mon cas, le sombrero était demeuré à la maison.

Mais tous savaient le pourquoi de ces visites impromptues et je leur étais reconnaissant de ne jamais m'en parler (J'ai la larme à l’œil, en passant, à ces seuls mots.). Qu'importe! Ce qui importe c'est que je sois ici aujourd'hui à me raconter. Mort, je ne servirais aucune cause : je ne dirais rien, n'est-ce pas? Et puis il y a une histoire à raconter et il faut qu'elle soit dite, ou écrite "Oune" point c'est tout. J'ai beau n'être qu'un grain de sable dans cet univers, je mérite quand même d'être entendu! Après une telle affirmation, on entendrait un poisson péter...

Des années plus tard, je réaliserai mon erreur quant à la présence de ces "grelots" au bas des pantalons. Le ridicule ne tue pas, j'en suis la preuve. C'est également à l'âge de douze ans que j'ai mérité les surnoms de "Boots" et de "Bottine de feutre", au Séminaire Saint-Michel, une institution privée de Rouyn. Mais ça, c'est une autre histoire!
4 de ...

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